Du plus profond des temps, l'homme a été à la recherche du feu. Ce feu élément insaisissable et dangereux offrait plusieurs facettes : protecteur contre le froid et les autres prédateurs, indispensable pour façonner des armes, purificateur des impuretés du monde, nourricier en rendant plus facilement comestible les nourritures offertes par la nature. Il pouvait n'être, (naître) aussi que fumées et artifices.
L'homme apprit maîtriser le feu, à le reproduire ; en un mot, il a cherché à le domestiquer, à le mettre à son service. L'homme voulut même lui faire jouer le rôle de divertissant, le réduire à n'être qu'un artifice.
Alain Marie nous ramène à la réalité, le feu est un élément plein d'artifices. Au début le feu n'est qu'un nuage lumineux face au brouillard humain. Face à l'homme, il est étincelles, éclairs, canon de lumière, … Jaune, rouge, au-dessus d'une masse bleue, grise ou noire. Lumineux, il accepte d'être admiré par une foule dense, anonyme, frileuse sur laquelle il se reflète. Ce n'est qu'un artifice pour les yeux des hommes. Il va les surprendre, les enflammer, les brûler progressivement tous… Lui seul, vraie boule de feu, restera, seul maître dominant l'univers. Il s'épanouira dans un "V" de la victoire en brandissant ses trois branches, prêtes au recommencement du rite, du rythme de la gloire.
Alain Marie ou Marie Alain, prénom, nom ou nom, prénom, autre jeu de feu, autre jeu d'artifice, se dévoile dans ces images. Au début il paraît nuageux, flou, impalpable. Dès que vous pensez le connaître, il vous surprend par les étincelles qu'il lance, vous voyez tout le feu qui brûle en lui. Il peut aller jusqu'à vous surprendre, peut-être tenter de vous consumer. Vous ne le domestiquerez pas, il choisit de rester telle une nova, flamboyant dans la solitude du ciel appelant à nouveau un persécuteur, une victime ou un sauveur.
Lannion le 12 septembre 1998
Bernard CHEVALIER